Le Métro Fantôme

Si vous avez pris le métro à Paris, vous avez peut-être remarqué des couloirs ornés d'une pancarte "Passage Interdit". Vous en avez peut-être même emprunté quelques uns.

Un panneau "Passage interdit"

Certains de ces couloirs servent à réguler les flux de voyageurs pour éviter les bousculades. D'autres cachent le secret le mieux caché du métro parisien.

C'est ce secret que va découvrir un certain Jérémy T.

Nous sommes le 16 Avril 1999 à Châtelet-Les-Halles. Ce vendredi est une veille de vacances scolaires, il fait chaud, les gens sont pressés de rentrer chez eux. Il est près de 18h30. C'est l'heure de pointe. Les usagers sont nerveux, stressés, impatients de rejoindre leur quai. La foule est étouffante, et dans les couloirs, la marée humaine devient une lame de fond où Jérémy T. commence à perdre pied.

Soudain, l'accident : un homme tombe dans les escaliers. Les secours arrivent aussitôt et bloquent le couloir. Le changement en direction de la ligne 4, une des plus importantes de Paris, est désormais très compliqué. Une foule s’entasse.

La foule s'entasse

Les secouristes et agents de la RATP appellent à la patience. Parmi les passagers bloqués, il y a ceux qui râlent, il y a ceux qui prennent leur mal en patience, et il y a ceux qui tentent de trouver une déviation. Jérémy T. est de ceux-là.

Il rebrousse chemin, et tombe nez-à-nez avec un couloir vide. A l'entrée, un panneau "Passage Interdit". Jérémy T. est persuadé que c’est un couloir de service, un chemin réservé aux personnel de la RATP et aux agents de maintenance. Au mieux, un raccourci. Au pire, un détour au calme, loin de la foule. Alors, il s'y engouffre.

Jérémy T. marche longtemps, prend plusieurs virages, monte et descend quelques escaliers... et ne s'inquiète pas. Il sait que les stations comme Châtelet-Les-Halles sont de vrais labyrinthes et qu’il faut parfois compter plus d’une dizaine de minutes pour en sortir. Mais lorsque le bruit de la foule devient de plus en plus discret jusqu’à s’évanouir complètement, Jérémy se dit qu’il ne marche peut-être pas dans la bonne direction.

Le couloir est vide...

Dans le couloir, seuls ses pas perturbent le silence total. Il continue. Il est seul. Quelques mètres plus loin, il lui semble entendre des sons venir de derrière les murs. Les vibrations d’un métro, c’est bon signe, mais également les cris d’enfants qui jouent. Pas ce qu'on a l'habitude d'entendre derrière des murs de métro. Jérémy commence à s'inquiéter. Il accélère. Au bout de quelques minutes, le couloir débouche enfin sur un quai. Et Jérémy T. se dit qu'il a peut-être pris une mauvaise direction.

Le quai est éclairé par quatre vieux lampadaires. Il n'y a pas de plan. Pas de distributeur. Pas de publicité. Les bancs sont en fer forgés, comme dans les jardins publics. Face au quai, une voie unique. Huit personnes attendent sur le quai, à la lueur de lampadaires. Jérémy tente de leur parler, tous l’ignorent, comme s’ils ne le voyaient pas. Il n’a pas le temps de réagir, un bruit gronde au bout du tunnel.

Une rame arrive.

Le métro qui s'arrête est vieux. Très vieux. Il ressemble à un train des années 70. Sa carrosserie est blanche et rouge. Il est plus petit aussi. La plupart des métros ont quatre wagons, peut-être cinq. Celui-ci n'est qu'est composé que d'un seul, comme un autorail. A l’intérieur, des sièges en bois ornés de cuir. Pas de néons mais une lumière tamisée.

Le train prend les voyageurs. Il n’en fait descendre aucun. Jérémy tente de monter à bord, mais un contrôleur lui bloque le passage sans un mot. Jérémy proteste. Sans succès. Les portes se referment, le train repart aussitôt.

Il faut quelques minutes à Jérémy T. pour se ressaisir et reprendre ses esprits mais, très vite, il se fait sortir de sa torpeur par des agents de sécurité qui l’interpellent et le saisissent. Il est reconduit dehors avec une amende, sans plus d’explications. De retour chez lui, Jérémy créé une page perso sur Internet et un forum de discussion. Il relate son expérience et rencontre un succès inattendu. A sa grande surprise, nombreux sont les internautes qui affirment s’être également perdus dans de nombreuses stations et avoir croisé cette ligne fantôme qu’ils n’ont jamais réussi à retrouver.

Plus de soixante témoignages viendront étoffer le site de Jérémy. Il sera fermé sans explication début septembre 1999 et ne sera jamais rouvert. A ce jour, il n’en reste aucune trace, sinon quelques captures d’écran.

Jérémy T., lui, a été vu pour la dernière fois le 13 septembre 1999 par un agent de surveillance de la RATP, à travers des écrans de caméras de surveillance de la station Bastille.

Depuis ce jour, il est introuvable.

Une copie d'écran du site de Jérémy T.
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A partir d'aujourd'hui, jusqu'au 31 janvier 2020, nous allons publier les archives de Pégase : une liste de faits-divers inexpliqués qui ont demandé de très longues semaines d'enquêtes. Pour des raisons juridiques, nous ne pouvons publier que la partie publique des affaires, celle à partir de laquelle Pégase a commencé à enquêter.

Vous avez peut-être déjà croisé des couloirs, des rues, des immeubles qui vous ont procuré un sentiment étrange. Comme si c'était la première fois que vous découvriez leur existence alors qu'ils se trouvent sur une route que vous pensiez connaitre par coeur. Je pense à cette impasse que vous n'aviez jamais remarquée, à cette maison que vous voyez pour la première fois alors que vous passez devant tous les jours. A cette route qui vous a parue plus longue ou plus courte que la dernière fois. Vous n'y avez pas prêté attention parce que, après tout, vous ne connaissez pas la ville par coeur, et peut-être que vous aviez la tête ailleurs, ou alors vous avez cru que c'était la fatigue...

Ca n'est jamais la fatigue. La prochaine fois qu'un endroit vous parait étrange, que quelque chose n'a pas l'air d'être à sa place mais vous n'arrivez pas à mettre le doigt dessus, la prochaine fois que vous croisez une rue que vous auriez juré ne jamais avoir vue avant...

Prudence. Tous les chemins ne mènent pas là où vous pourriez le croire.

Et que votre histoire se retrouve sur ce blog est bien la dernière chose que nous vous souhaitons pour cette nouvelle année.


Commentaires

  1. j'ai peur de rien moi, la prochaine fois que je prends le métro à paris je prends un de ces couloirs et je fais un live

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  2. Une explication à la disparition d'Alain Z. Kan en 1990, station Rue de la Pompe ?

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