Le Village Englouti

Au cours du vingtième siècle, de nombreux barrages ont été construits dans les montagnes. Il s’agissait alors de fournir la France en électricité en tirant partie de la force motrice de l’eau. La contrepartie de cette entreprise fut la transformation radicale de certains paysages, certaines vallées devenant des lacs retenus par le barrage qui allait absorber l’énergie de ses courants. Dans la plupart des cas, le changement était sans grandes conséquences humaines, il fallut tout au plus dédommager des agriculteurs et trouver une autre destination pour leur bétail, mais dans d’autres, comme dans la vallée de Laors au cœur des Pyrénées-Atlantiques, c’était un village entier, Aury-en-Val, qui allait se retrouver sous les eaux.

Nous sommes en 1957, jour de la mise en service du barrage qui allait inonder une partie de la vallée d’Ossau et, plus loin, la vallée de Laors. Les habitants sont tous relogés. En quelques semaines, Aubry-en-Val est englouti. Il ne reste alors de ses murs plus qu’un souvenir, un clocher qui dépasse d’un lac au détour d’un chemin de randonnée.

Village englouti, le clocher dépasse
C’est ce chemin que vont arpenter trois amis, le 18 juillet 2003. Amateurs de grandes marches et de beaux paysages, François T., Mathilde S. et Mathieu H. profitent de leurs vacances dans les Pyrénées sur les meilleurs sentiers de la région. Il est 16h30 lorsqu’ils décident de faire une pause. Soudain, dans la chaleur caniculaire, des cloches.

Une église sonne, elle paraît proche, ce qui est d’autant plus curieux que la carte ne signale aucun hameau à plusieurs kilomètres à la ronde.

Qu’importe, se disent les trois amis, qui dit église dit village, et qui dit village dit bistro à l’ombre. Ils décident alors de reporter leur pause le temps d’atteindre le village, ne se repérant qu’au son continu des cloches. Vingt minutes plus tard, François T., Mathilde S. et Mathieu H. trouvent l’église et comprennent qu’ils devront se passer d’un verre sur le pouce. Les cloches qui sonnent sont celles d’Aubry-en-Val, à la surface d’un lac tranquille, au milieu d’une vallée totalement déserte. C'est étrange, se disent-ils, mais ce sont probablement les courants, ou un appel d'air. Ou un mécanisme pour épater les touristes.

Le cadre est idyllique mais la chaleur est étouffante. François propose de piquer une tête dans le lac et nager jusqu’à l’église qui est à quelques centaines de mètres à peine. Mathilde et Mathieu refusent, préférant se reposer à l’ombre ou juste les pieds dans l’eau. François ne débine pas, il se prépare et plonge dans le lac. Il ne lui faut pas plus que quelques brasses pour atteindre le sommet de l’église dont les cloches sonnent toujours. Sur la berge, Mathilde et Mathieu s’en amusent et le regardent de loin. François se hisse sur le clocher, l’examine et le contourne. Lorsqu’il passe derrière et disparaît du champ de vision de ses deux amis, les cloches cessent subitement de sonner.

Mathilde et Mathieu le perdent de vue et, soulagés par le calme revenu, s’assoupissent un instant. Ils se réveillent en sursaut une heure plus tard. François n'est toujours pas là. Ils tentent de l’appeler, crient son nom qui résonne dans toute la vallée. Pas de réponse. Ils font le tour du lac. Rien. La panique les gagne, Mathilde décide d’appeler à l’aide. Elle sort son téléphone portable et compose le numéro des secours. On décroche.

Dans l’écouteur, un son de cloches, le même que celles qui les a guidés jusqu'au lac.

Elle tente plusieurs autres numéros. Sans succès. Mathilde et Mathieu décident alors de courir vers le village le plus proche pour demander de l’aide. Il leur en coûtera trois longues heures de course dans les montagnes jusqu’à atteindre leur auberge, essoufflés et à bout de force. Mathieu explique qu’ils ont perdu la trace de leur ami dans le lac de la vallée de Laors. Le gérant est confus. Il affirme que la vallée de Laors n’existe sur aucune carte.

Personne n’en a entendu parler.

Mathilde S. et Mathieu H. ont été hospitalisés d’urgence. Les médecins ont diagnostiqué une insolation délirante due à la canicule, l’affaire est restée sans suite. Leur ami est toujours porté disparu. L’histoire s’est faite oublier, mais quelques offices de tourismes relèvent régulièrement des plaintes de randonneurs dont la marche se trouve dérangée par des cloches qui sonnent sans raison pendant parfois des heures.

Et se taisent ensuite brutalement.

Commentaires

  1. Oui vous écrivez bien, mais tout cela est de la fiction. Je m'en contentais en gardant cela en tête, même si les lieux que vous décrivez n'existent pas et les situations ne collent pas quand on connaît les lieux dont vous parlez. Vous ne précisez à personne que vos histoires sont de la fiction mais j'essayais de ne pas trouver ça malhonnête. Mais là ça devient honteux! Votre photo en fin d'article est un faux document, ce n'est précisé nul part et ça devient vraiment pitoyable de votre part! D'auteur de bonne fiction vous en devenez un escroc!!

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    1. Déjà quiconque mois ce texte comprendra que c'est de la fiction, et ensuite ça ne pose de problème à personne! De plus les histoires sont cool et l'écriture très bien réalisée alors je vois vraiment aucun problème.

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  2. rien compris en quoi ça porte préjudice a qui que ce soit?

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